Étrange comme certains jeux nous passent parfois totalement au-dessus de la caboche, alors que pourtant la franchise nous intéresse un tant soit peu. Ce fut le cas pour celui qui nous amène ici aujourd’hui, dont je n’avais JAMAIS entendu parler avant qu’on ne l’évoque sur ma page Facebook il y a peu à l’occasion de ma partie ‘’d’Evolution’’. « Quoi ? Un Autre jeu Turok ? Sorti après Evolution ??! ». J’en reste encore interdit : comment ai-je pu totalement passer à coté ? Interloqué, piqué au vif, je me renseigne un tant soit peu. « Mais c’est quoi ce Truc ? » fut ma première réaction. Les images étaient…surprenantes, évoquant par bien des aspects le ‘Predator’ de McT. Très vite je mets la main dessus - pour en avoir le cœur net - et lance une partie (Par Tout les Dieux du Cosmos, je ne suis pas une bleusaille dans la chasse aux dinos muni d’un arc -> même pas peur !). Je ne savais pas vraiment sur quoi j’allais tomber, la découverte serait totale. Et j’ai eu des surprises, ça je ne peux pas prétendre le contraire ! Des bonnes…comme des mauvaises !

 

I AM TUROK ! JOSEPH TUROK…

 L’espace. Un Vaisseau spatial. Joseph Turok intègre le bataillon  ‘Whisky’ des Space Marines. À la fois pour leur prêter main-forte et leur servir de consultant en ce qui concerne leur nouvelle cible: Roland Kane et sa troupe de mercenaires des Wolf Packs. Car notre héros fut autrefois l’un d’entre eux, avant qu’une mission en Colombie ne tourne mal et que Joseph ne voit de ses propres yeux la cruauté de son ancien leader. Mal reçu par ses nouveaux compagnons d’armes, il n’a pas le temps de s’en formaliser que leur esquif subit une attaque. Un missile en plein dans le buffet et c’est parti pour un atterrissage en catastrophe sur la planète-cible.

Le petit nouveau ne va pas facilement s'intégrer

Turok s’en sort indemne, au milieu d’une jungle primaire, avec quelques camarades. Mais ils ne sont pas seuls sur cet astre en pleine terraformation à vitesse grand V… qui en est visiblement en plein jurassique. Alors que les premiers dinosaures pointent le bout de leurs griffes, Joseph et ses compagnons se mettent en route à travers l’épaisse forêt pour accomplir leur mission: empêcher Kane de mettre au point sa toxine mortelle.

La voix française de Joseph c'est Thierry Mercier...Teal'c quoi. Ce qui - en effet - ne fait que rajouter au suréalisme de l'ensemble....

Comme vous pouvez le constater, nous sommes ici en présence d’un scénario bien burné, qui fait entièrement appel à la testostérone, à la gonflette et aux tronches burinées. Adieu le coté un peu ‘fourre-tout’ des anciens épisodes, ici on recommence tout en prenant un ton très sérieux, très premier degré. Je me répète mais on se croirait vraiment dans un Predator où les Yautjas auraient cédé leur place aux dinosaures. Mais la plus grande surprise pour moi fut clairement ce changement d’atmosphère et de ton. Fini l’amérindien des Hautes Plaines avec ses plumes dans les cheveux qui bascule dans un ‘monde-poubelle’, place à un mercenaire du futur qui voyage sur une autre planète pour pourchasser son ancien mentor. Notez cependant que Joseph reste un descendant du peuple Kiowa, dont le personnage ‘Turok’ à toujours fait parti. On peut alors le voir comme un lointain descendant des Turok présents dans les autres jeux de la licence, même si la communication officielle du jeu parle bel et bien d’un reboot de la franchise.
Pour ce qui est du gameplay, il s’agit d’un FPS ultra-classique, ultra-bourrin, ultra-pile-poil ce que je ne supporte plus. Le but du jeu est littéralement de tirer sur tout ce qui bouge, sans se poser la moindre question de toute l’aventure. C’est d’un lourd…

Prédateurs...

Mais bon je vais quand même expliciter deux-trois trucs. Déjà un premier point qui pour moi dénature la saga à un niveau subatomique: on ne peut porter que deux armes. Rien que çà ca fout en l’air tout le délire d’un Turok ‘à l’ancienne’, où notre gars accumulait un arsenal complet tout au long du jeu. Mais bon soit, réalisme tout çà… et puis bon ce n’est pas totalement vrai car en fait il garde toujours sur soi comme ‘arme de base’ son arc et son couteau (mais là aussi futur oblige il s’agit d’un arc high-tech et d’un couteau militaire ‘à la Rambo’. Oubliez les ustensiles en bois de ses ancêtres). Petit plus : les armes de poing ‘à une main’ peuvent être utilisé en binôme (une par paluche), chaque gâchette de la manette servant alors pour tirer avec. Chaque Gun possède aussi un Tir Primaire et un Tir Secondaire qu’il vous faudra apprivoiser pour s’en servir au moment idoine.

Il y a tout un panel d'armes plus ou moins efficace. Moi en dehors de la mitrailette laser et de la sulfateuse je n'ai pas su trouver mon bonheur...

Le couteau quand à lui possède des ‘fonctions’ en plus. Il permet d’éliminer une proie (humaine ou reptilienne) en un coup, mais sous quelques conditions qui diffèrent selon la cible. S’il s’agit d’un Homo Sapiens, la discrétion est de rigueur. Vous vous pointez la lame entre les dents et trancher la gorge du pauvre trouffion qui meurt alors seul sans un râle, à regretter les tartes aux myrtilles de sa maman sur notre bonne vieille Terre. Si la proie est un lézard géant, point de coup dans le dos envisageable mais possibilité tout de même il y a de s’en débarrasser en un seul coup d’opinel bien placé. En fait un QTE qui si vous le réussissez enclenchera une courte séquence cinématique voyant Turok charcler la pauvre bête. Au début on pense que ce moyen est ridicule et ne fait pas le poids face à une bonne mitrailleuse. Au bout de la trentième mort, on fini par comprendre que c’est en vérité le moyen le plus efficace de se débarrasser des sauriens carnivores. Croyez-moi, vous finirez par égorger des dizaines de vélociraptors sans même vous en rendre compte !

À Couteaux Tirés

Voilà pour ce qui est de la maniabilité générale. Vous aurez assez souvent au cours du périple un compagnon ou deux pour vous servir de renfort (et pour une fois ce ne sont pas des manches !) avec lesquels vous traverserez environnements boisés ou bases ennemies lourdement gardées. Vos armes n’auront pas le temps de chômer je peux vous le garantir ! Dans la catégorie petit détail qu’on ne remarque qu’après avoir fini le jeu et qu’on le compare avec ses prédécesseurs, l’aventure ne propose aucune excursion sous-marine. Pas que cela manque en soi mais je tenais à le préciser.

LES PIERRES QUI SE TOUCHENT

Mais donc le plus gros changement concerne l’atmosphère de cette relecture de Turok, qui fait fi des anciennes itérations pour nous pondre un Indien chasseur de Dinosaures ancré dans une réalité la plus cohérente possible. Ici il n’est nullement question d’artefact magique, de sorciers vaudous, de Purr-linn, d’homme-lézards ou de Chrono-Sceptre. Non, non, non. Ce n’est pas le propos de ce renouveau de la franchise…

Là c'est sur qu'on est loin de l'indien type Yakari...

Pour dire le fond de ma pensée, quand je vois le cheminement général de notre Joseph, le scénario, le ton, l’écriture…et le fait que la société Touchstone ait des billes dans le projet (en tant qu’éditeur via sa peu fructifiante filiale ‘Gaming’…), je ne peux m’ôter de l’idée qu’à la base il s’agissait d’un script pour une adaptation cinéma. Tout y est tellement ‘sérieux’, sans fantaisie, prémâché, l’accent est pas mal mis sur les personnages secondaires mais sans trop s’attarder non plus sur eux… Je ne sais pas, je n’ai aucune preuve de ce que j’avance en dehors d’une profonde suspicion mais pour moi ce ‘Turok’ était un projet pour grand écran à la base. D’ailleurs rien que le fait de faire du mot ‘Turok’ - qui désigne en fait un ‘titre honorifique’ qui se passe de génération en génération - le nom du protagoniste est pour moi un sérieux indice. Un raccourci scénaristique comme seules les adaptations Hollywoodiennes en on le secret…(sigh)

Turok: The Movie

Et puis je sens bien les gros producteurs ayant flairés la licence juteuse, avec des dinosaures (« C’est cool les Dinosaures ! »), avec un indien comme héros (« C’est Cool les Indiens ») mais qui on viré toute la notion ‘magique’ (« C’est ringard la magie ! ») pour la remplacer par de la SF craspec entre Alien et Predator pour y placer une escouade de Space Marines (« C’est Cool les Spaces Marines !! »). Mais quand est arrivé le moment de la douloureuse, ils se sont ravisés et on bazardé le script pour en faire un jeu vidéo, en gardant plus ou moins la main sur la distribution du produit fini…

Alors lui c'est un vrai enfoiré...Le premier ennemi à lance-roquette du jeu. Une tannée pour l'avoir. Et juste après c'est le tank, qui lui aussi est coriace....et comme le système de checkpoint est mal foutu quand tu clamses tu dois te retaper toute la séquence. Une sauvegarde rapide manque vraiment (mais  alors vraiment!).

Mais si j’en disais un mot des dinos. J’en parle j’en parle mais on n’en voit pas le bout de la queue ! Alors déjà sachez qu’il n’y aura pas une grande diversité dans leurs rangs. Des Compys, quelques variétés de raptors, des dilophosaures de temps en temps, et des T-Rex pour foutre le boxon à l’occasion. Ajoutez à cela les Rampants, création de laboratoire hybride combinant raptor, crocodile, gecko et auquel vous ajouterez des gênes de Speedy Gonzales pour finaliser (et non ils ne parlent pas mexicains avec un gros chapeau…), des scorpions géants et venimeux au sang vert et acide (dois je citer encore une fois la référence évidente ?) et quelques insectes du genre Tiques de la taille d’un aigle. Voilà pour le bestiaire agressif.

Le gros mange le petit

Du coté des herbivores, vous croiserez des parasaures (ceux avec une drôle de crête) et aussi …heu…bah… Ah oui…ha non en fait. Bah c’est tout. C’est léger hein ?! Pas de Tricératops, de diplodocus, de stégosaure. Rien de rien. D’ailleurs pas de faune non plus au-delà de ce qui est décrit : pas d’oiseau, de singe, de biche (qui donne des croix blanches…). Comme dit précédemment, tout ce qui bouge dans le jeu doit pouvoir se faire tirer dessus. Le reste c’est du superflu…

Les seuls animaux 'innofensifs' que nous serons amenés à croiser. Il ne faut cependant pas trop les chercher non plus. D'autres bestioles sont parfois visibles mais dans le décor au loin, sans qu'on ne puisse jamais les approcher...

J’évoquerai assez rapidement les boss, qui eux pour le coup proposent des affrontements plutôt bien troussés et intelligemment agencés. On meurt quelquefois avant de percuter deux trois éléments dans le décor, dans le gameplay, dans le pattern du vilain qui finissent par nous donner l’avantage. Je regrette vraiment que le talent mis dans ces phases là n’est pas été appliqué à l’ensemble des gunfights… Petit aparté pour ceux ayant joué à Tomb Raider Legend: l’un des boss est un copier-coller de l’un de ceux que croise Miss Croft dans cet épisode. Marrant…

INDIEN VAUT MIEUX QUE DEUX TU AURAS

Mais vous savez quoi ? L’un dans l’autre je ne peux pas dire que le jeu soit mauvais. Ce n’est pas le cas. Il est bas du front, sans génie et adapté à la truelle mais cela n’en fait pas pour autant un mauvais jeu. Bon cela n’en fait pas un bon non plus, disons qu’il est dans la moyenne des FPS parmi la myriade qui inondait le genre à l’époque (c’est vrai que cela c’est pas mal calmé ses dernières temps, et tant mieux).
Cependant plusieurs aspects du titre sont clairement à revoir, à commencer par l’agilité de Joseph. Assez balourd de base, notre indien des étoiles ne court pas, jamais. Juste il se déplace plus rapidement lorsqu’il est équipé du couteau (allez savoir pourquoi). De plus il à la fâcheuse tendance à se bloquer ‘sur les cotés’, j’entends par là que parfois il ne peut plus se mouvoir à gauche ou à droite, comme bloqué dans un étroit couloir. Vous avez beau observer pour voir s’il y a un truc qui le gêne mais non. Évidement cela arrive souvent quand un ennemi vous défouraille et que par conséquent vous ne pouvez pas échapper à ses attaques… Il m’est également arrivé en deux endroits de le voir se bloquer dans le décor, une fois dans un encadrement de porte où juste quelques mouvements d’analogique on pu m’en libérer mais l’autre fois ce fut entre un stalagmite et la paroi d’une grotte ; et là pas le choix je n’ai pu m’en sortir qu’en usant du souffle de quelques grenades (ha oui parce que je n’ai pas précisé mais ici Turok n’a plus de point de vie mais une santé régénératrice comme il est désormais coutumier dans le genre).

Big Mama (c'est son nom officiel) aime bien jouer avec ses proies avant de les croquer. J'en profite pour dire que le 'ragdoll' est assez capricieux et donne en quelques occasions des postures mortuaires des plus surprenantes (et rigolotes).

Autre point qui personnellement m’agace au plus haut point, c’est la trop grande capacité des ennemis à nous repérer. Sitôt vous jetez un bref coup d’œil à une nouvelle zone qu’un adversaire a le temps de vous voir, d’armer son fusil, de mettre en joue et de vous shooter à plus de 50 mètres, le tout en quelques dixièmes de seconde seulement ! La preuve ultime que l’IA ‘triche’ un peu trop, c’est quand elle est capable de suivre vos mouvements alors que vous êtes dissimulé derrière un abri (rocher, caisses etc…) et qu’elle tire toujours dans la bonne direction malgré l’obstacle. Là vous comprenez qu’il y a un Hic dans la programmation…à moins que le casque des antagonistes ne soit capable de voir à travers les objets (et pourquoi pas ? Mais à ce moment là, précisez-le !).

Alors vous pour les toucher c'est un calvaire mais à l'inverse eux ils vous tirent comme un lapin! Il faut les voir courir dans tous les sens sans raison ni sens tout en vous canardant sans discontinuer. De vrais cabris!

Je vais énumérer à présent les séquences à rendre fou, celles qui on mit ma patience à rude épreuve tant ces passages sont des vrais trucs de ß@Ŧ@®ɸ de leur génitrice. Le reste du périple étant tout simplement barbant.
- L’ascenseur dans la première base que l’on traverse. Pris de toute part par un bataillon ennemi tandis que la plateforme grimpe à la vitesse d’un escargot…
- L’attaque du ‘Tank-Araignée’. J’ai Hurlé. L’engin de mort tire plus vite que l’animation de Joseph pour se relever. Ce qui fait qu’à la moindre déflagration que vous vous prenez il est impossible de s’en sortir. Et il faut traverser toute une clairière sous son feu nourri. Une épreuve cauchemardesque, le passage où j’ai le plus vu l’écran du Game Over...
- La fosse aux scorpions. Alors qu’il faut se dépatouiller des bestioles en bas, les troupes ennemis vous assaillent d’en haut (et sans ménagement !). Crise de nerfs assurées !
- L’entrée dans la dernière base, entre l’attaque d’un T-Rex, d’une garnison de mercenaire, de raptors cracheur de venin…tout en traversant une zone à niveaux multiples entre échelles et tranchées d’évacuation. Calme et sérénité seront de rigueur pour venir à bout de cette zone agitée.
- Le dernier couloir de cette même dernière base, celui qui mène à Kane (The Boss). Je n’ai pas compté mais en gros il doit y avoir 200 000 gars à abattre avant d’en voir le bout ! Et lourdement armés ! Le point d’orgue de cette odyssée sanglante.

Pour un gros scorpion c'est un gros scorpion! Bien plus simple à tuer que la plupart des autres créatures...tant qu'ils ne vous sautent pas dessus à 10 à la fois!

J’apprends en me penchant sur l’historique de ce ‘Turok Surprise’ que le développement du 2 était déjà sacrément entamé quand le projet tomba aux oubliettes, la faute à des studios en galère et plutôt en fin de vie. De nombreux artworks sont visibles, y compris des menus voir mêmes des nouveaux ennemis (des raptors principalement). Rien cependant de l’histoire n’a filtré et on ne peut que supposer que Joseph revint plus tard sur cette même planète (ou une autre là aussi en pleine terraformation accélérée) pour une nouvelle mission. Triste destin au vu du travail accompli néanmoins je ne peux pas prétendre que ce projet avorté m’apporte du regret. Car bien que cette mouture premier degré de l’univers de Turok fonctionne, je préfère tout de même largement ses anciennes incarnations, plus foutraques, plus fantaisistes, plus oniriques. Et plus fun, tout simplement.

Les recherches visuelles pour cette suite promettaient du Lourd! Je n'aurai pas été fan mais cela aurait eu de l'allure! Cliquez sur l'image pour la galerie d'image complète

 ~€~

Ce Turok 2008, avec sa tentative de moderniser à outrance la licence, fini par oublier ce qui faisait le charme des ‘Terres Perdues’, ce monde-poubelle où tout était possible. Bien trop terre-à-terre, bien trop premier degré, et surtout bien trop burné, on se lasse assez vite de cette vision bodybuildée de l’univers de l’indien chasseur de dinosaures. Bien qu’il ne s’agisse que d’une suspicion personnelle, on ne m’ôtera pas de l’idée que le script fut à la base envisagé pour une adaptation cinéma avant de se reconvertir en une œuvre vidéoludique plus coutumière pour la saga. Nonobstant tout cela, la maniabilité et l’aventure en elle-même ne sont pas honteuse, loin de là, même si quelques anicroches et surtout la sensation de déplacer un pachyderme alourdissent constamment l’ensemble. Alors l’un dans l’autre, malgré son manque de finesse et de subtilité, cet épisode reste supérieur à la catastrophe ‘Evolution’ (qui avait de bonne idées mais une mise en œuvre désastreuse). En résulte un opus étonnant, mais qui je l’espère ne servira pas de modèle si jamais un jour Turok devait revenir sur le devant de la scène…